[ACTU] Comprendre la révolte espagnole

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weed'O
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[ACTU] Comprendre la révolte espagnole

Mensajepor weed'O » Dom May 22, 2011 10:35 am

Hola a todos.


Aujourd'hui, dimanche 22 mai, les Espagnols vont aller voter...

Il ne vous aura pas échappé qu'un mouvement populaire de grande ampleur s'est créé dans ce pays, s'étendant au reste de l'Europe et même du monde, grâce aux technologies modernes.
Des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés dimanche 15 mai dans le centre de Madrid, répondant à des appels à refuser de payer les frais de la crise.
Depuis, ils occupent toujours la place de Puerta del Sol.

Ce week end prend donc la forme d’une « rebellion civique ».

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J'aurais préféré que ce soit Rivalpo qui vous parle de tout cela ; il est bien plus proche de l'Espagne que moi et il vit l'actualité de ce pays au jour le jour.
J'espère qu'il récupérera rapidement son ordinateur, afin de nous faire partager son point de vue qui j'en suis sûr, sera plus pertinent et proche de la réalité que le mien, qui ne fait que vous synthétiser infos...

En attendant, j'aimerais tout de même essayer de vous faire comprendre les grandes lignes de ce soulèvement, appelons-la même "révolution" :

DEMOCRACIA REAL YA !


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Voici une traduction du manifeste du collectif "Democratia Real Ya :

Nous sommes des per­son­nes cou­ran­tes et ordi­nai­res.

Nous sommes comme toi : des gens qui se lèvent tous les matins pour étudier, pour tra­vailler ou pour cher­cher un boulot, des gens qui ont famille et amis. Des gens qui tra­vaillent dur tous les jours pour vivre et donner un futur meilleur à celles et ceux qui les entou­rent.

Parmi nous, cer­tain-e-s se consi­dè­rent plus pro­gres­sis­tes, d’autres plus conser­va­teurs. Quelques un-e-s croyants, d’autres pas du tout. Quelques un-e-s ont des idéo­lo­gies très défi­nies, d’autres se consi­dè­rent apo­li­ti­ques. Mais nous sommes tous très préoc­cupé-e-s et indi­gné-es par la situa­tion poli­ti­que, économique et sociale autour de nous. Par la cor­rup­tion des poli­ti­ciens, entre­pre­neurs, ban­quiers, ... . Par le manque de défense des hommes et femmes de la rue.

Cette situa­tion nous fait du mal quo­ti­dien­ne­ment ; mais, tous ensem­ble, nous pou­vons la ren­ver­ser. Le moment est venu de nous mettre au tra­vail, le moment de bâtir entre tous une société meilleure. Dans ce but, nous sou­te­nons fer­me­ment les affir­ma­tions sui­van­tes :

* L’égalité, le progrès, la solidarité, le libre accès à la culture, le développement écologique durable, le bien-être et le bonheur des personnes doivent être les priorités de chaque société avancée.

* Des droits basiques doivent être garantis au sein de ces sociétés : le droit au logement, au travail, à la culture, à la santé, à l’éducation, à la participation, au libre développement personnel et le droit à la consommation des biens nécessaires pour une vie saine et heureuse.

* Le fonctionnement actuel de notre système politique et gouvernemental ne répond pas à ces priorités et il devient un obstacle pour le progrès de l’humanité.

* La démocratie part du peuple, par conséquent le gouvernement doit appartenir au peuple. Cependant, dans ce pays, la plupart de la classe politique ne nous écoute même pas. Ses fonctions devraient être de porter nos voix aux institutions, en facilitant la participation politique des citoyens grâce à des voies directes de démocratie et aussi, procurant le plus de bienfait possible à la majorité de la société, et pas celle de s’enrichir et de prospérer à nos dépens, en suivant les ordres des pouvoirs économiques et en s’accrochant au pouvoir grâce à une dictature partitocratique menée par les sigles inamovibles du PPSOE [1].

* La soif de pouvoir et son accumulation entre les mains de quelques-uns crée inégalités, crispations et injustices, ce qui mène à la violence, que nous refusons. Le modèle économique en vigueur, obsolète et antinaturel, coince le système social dans une spirale, qui se consomme par elle-même, enrichissant une minorité et le reste tombant dans la pauvreté. Jusqu’au malaise.

* La volonté et le but du système est l’accumulation d’argent, tout en la plaçant au-dessus de l’efficience et le bien-être de la société ; gaspillant nos ressources, détruisant la planète, générant du chômage et des consommateurs malheureux.

* Nous, citoyens, faisons parti de l’engrenage d’une machine destinée à enrichir cette minorité qui ne connait même pas nos besoins. Nous sommes anonymes, mais, sans nous, rien de cela n’existerait, car nous faisons bouger le monde.

* Si, en tant que société nous apprenons à ne pas confier notre avenir à une abstraite rentabilité économique qui ne tourne jamais à notre avantage, nous pourrons effacer les abus et les manques que nous endurons tous. Nous avons besoin d’une révolution éthique. On a placé l’argent au-dessus de l’Etre Humain, alors qu’il faut le mettre à notre service. Nous sommes des personnes, pas des produits du marché. Je ne suis pas que ce que j’achète, pourquoi je l’achète ou à qui je l’achète.

A la vue de cela, je suis indi­gné/e

Je crois que je peux le chan­ger.

Je crois que je peux aider.

Je sais que, tous ensem­ble, on le peut.

Sors avec nous. C’est ton droit.

Traduction tirée du site Rebellyon.info



COMPRENDRE LA REVOLTE ESPAGNOLE


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Voici un article de Enrique Dans, professeur des systèmes de l'information et blogueur reconnu en Espagne.
Sur son blog, il nous explique en 7 points les causes de ce soulèvement : “Entiendo la #spanishrevolution”



Vous entendez toutes sortes de bêtises sur les mobilisations à Sol et dans de nombreuses villes d’Espagne : des théories conspirationistes absurdes [émission de radio] de ceux qui voient des ombres derrière toutes choses, jusqu’à la simplification grossière de ceux qui mettent l’étiquette “anti-système” alors même qu’ils ont la réponse sous les yeux. Ou encore la stupidité de de ceux qui prétendent être d’accord avec les manifestants, alors que ceux-ci protestent précisément contre eux, ce qu’ils ont fait et contre ceux qu’ils représentent.

Je suis totalement d’accord avec Periodismo Humano : quelque chose de grand est en train de se passer ici. Le rejet des théories conspirationnistes stupides est absolu et radical, l’interprétation est claire et convaincante : les gens descendent dans la rue parce qu’ils réclament un changement. Un changement sur le fond dans la manière de faire de la politique et d’exercer la démocratie.

Analyser les demandes des uns et des autres est un exercice vain : parmi les gens que je vois manifester dans la rue, très peu soutiendraient explicitement ces demandes. Beaucoup arrêtent de les lire parce qu’elles n’en valent tout simplement pas la peine : les citoyens descendent dans la rue avec une contre-pétition, appelant à un changement radical, parce que les partis politiques et le système ne les représentent déjà plus. Ils en représentent d’autres.

En ce qui concerne les demandes concrètes… cela viendra plus tard, pour le moment, nous sommes dans un processus de changement. De quoi ? Il est trop tôt pour le savoir, et il possible d’espérer que, quel qu’il soit, ce changement soit pacifique, ordonné et civilisé. Je suis entièrement d’accord avec le billet d’Antonio Ortiz à cet égard.


Voici les clefs du mouvement que nous sommes en train de vivre :


L’origine, le déclenchement

C’est le moment où les trois grands partis, PSOE, PP et CiU, forment un pacte pour faire passer la ley Sinde, en contradiction flagrante avec la volonté d’une grande majorité de citoyens, pour faire plaisir à un lobby. Attention, ceci n’est que le début, le détonateur : à l’heure actuelle, cela n’a déjà plus d’intérêt ou de pertinence dans les manifestations. Mais en voyant l’acharnement pathétique à “faire passer cette loi à tout prix” alors que l’ensemble du réseau s’était soulevé contre elle, le relayer en direct a eu le même effet – avec tout le respect dû aux tunisiens et en demandant pardon d’avance pour la comparaison tragique – que le suicide de Mohammed Bouazizi s’immolant en Tunisie. De l’activisme contre la ley Sinde est né le mouvement #nolesvotes (ne votez pas pour eux), en plus de la cristallisation d’un climat de mécontentement évident contre toute une manière de faire de la politique.


Les motifs réels

Les véritables raisons sont, et cela n’a échappé à personne, des sujets tels que la gestion de la crise économique, la corruption, le chômage (en particulier le taux de plus de 40% de chômage pour les jeunes) et surtout, la désaffection envers une classe politique, identifiée comme l’un des problèmes majeur de la citoyenneté dans les enquêtes du CIS. Egalement, le désenchantement que l’on peut ressentir face à cette manière de faire de la politique qui fait de l’électeur un être sans importance, juste bon à déposer un bulletin dans une urne et qui, par cet acte, donne à un parti politique toute la légitimité de faire ce que bon lui chante pendant quatre ans. Un parti qui est devenu une grande entreprise inefficace et corrompue répondant aux intérêts des lobbies et pas à ceux des citoyens.

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Le témoignage est recueilli par d’autres associations

D’abord JuventudSinFuturo (Jeunesse sans futur) et ensuite DemocraciaRealYA (Une vraie démocratie maintenant !) ont été capables de s’organiser brillamment, avec civilité et pacifiquement pour transposer ce mouvement dans la rue. Ce fut l’épreuve du feu, le “moment de vérité” : avant que les protestations ne prennent vie dans la rue, le réseau bouillonnait de dizaines de tweets par minute, de groupes Facebook et de posts de blogs, mais personne n’avait encore sauté le pas. Après les protestations, les gens se sont rendus compte qu’ils n’étaient pas les seuls à partager cet opinion, et que si l’organisation et l’action sont possibles, ils sont aussi une réalité concrète. C’est comme cela qu’est tombée la barrière que beaucoup se mettaient pour descendre dans la rue.


La décision de descendre dans la rue répond à un sentiment général

Et non pas à une revendication particulière comme une série de points d’un programme. Dans la rue, vous pouvez voir des personnes de tous les âges, opinions politiques, de toutes les conditions sociales. Des étudiants en chemises jaunes, des chômeurs, des punks, des retraités, des entrepreneurs, des enseignants … J’étais là, concrètement, et j’ai rencontré tous ces profils, un par un, et plus encore. Un qui salue une connaissance, et j’ai pu moi-même saluer plusieurs anciens élèves, des collègues, des gens que je connais qui ont créé des start-up, des cinéastes, des avocats, des journalistes … On trouve de tout. Littéralement tout.

Ne vous attendez pas à un accord sur les mesures à prendre, c’est impossible. Mais s’il y a une chose sur laquelle il existe bien un accord c’est la nécessité d’un CHANGEMENT. Et un retour en arrière n’est pas envisageable.

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La simplification est mauvaise

Que les jeunes de gauche soient les plus susceptibles de descendre dans la rue ne veut rien dire, et prétendre inscrire ce soulèvement dans une idéologie ou un parti spécifique est tout simplement absurde. C’est normal et inévitable. Tenter de se placer devant les gens pour faire croire qu’ils vous suivent est encore plus pathétique : dans un mouvement aussi connecté, la personne qui tente de “diriger” en appliquant des techniques pastorales comme on le ferait pour un troupeau de bêtes se fait immédiatement régler son compte sur les réseaux sociaux.

En Égypte, il avait eu des moments où il semblait que les Frères musulmans monopolisaient la protestation, et d’autres qui montraient clairement la diversité et la pluralité au sein du mouvement. Ici il n’y a pas de leader, il y a des gens. Personne ne suit personne réellement, il ne s’agit même pas de savoir si c’est bien comme ça ou pas. Le désir de changement continue d’être présent, et c’est tout.

Attribuer ces manifestations à des mouvements organisés, à une stratégie concrète ou a des personnes spécifiques est une vieille interprétation, typique de ceux qui ne comprennent rien à ce qui se passe. Chercher à mieux organiser le mouvement, prétendre que des demandes concrètes sont en cours, demander un leadership plus clair et incarné ou chercher sous les pierres son origine alambiquée est absurde : cela ne peut pas être, et plus que tout, c’est impossible.


Et maintenant ? Maintenant nous voulons plus !

Une fois la mèche allumée, il est très difficile de l’éteindre. La manifestation du 15M (15 mai) à Madrid a rassemblé des dizaines de milliers de personnes ; un événement autorisé et organisé depuis des semaines. Cependant celui d’hier, le 17 mai à Sol, a été organisé en quelques heures, en utilisant uniquement Twitter et Facebook. La place de 10000 m2 fut presque entièrement remplie, jusqu’à la rendre impraticable.

L’exemple s’est également largement étendu à d’autres villes. Le contrôle de tous ces mouvements est tout bonnement impossible. Il faut absolument, et par tous les moyens, que tout se déroule de façon civilisée et pacifique, mais ne nous ne sommes pas sûrs d’éviter des mouvements incontrôlés d’une part ou des réactions excessives d’autre part. L’ordre malheureux d’expulsion du camp de la place Sol dans la nuit de dimanche a déclenché le rassemblement de mardi après-midi, et ce phénomène pourrait se produire plus souvent.

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Il est important de comprendre que nous avons passé une étape

Une étape vers un modèle que les partis politiques devront comprendre, de gré ou de force. Ils ne peuvent plus ignorer les citoyens et défendre d’autres intérêts. La politique ne peut pas continuer à être menée de cette manière là.

Nous ne sommes pas dans le cas de la Tunisie ou de l’Égypte : en Espagne il y a un gouvernement démocratiquement constitué et personne ne descend dans la rue pour le renverser, mais des changements importants sont nécessaires, des changements en profondeur et drastiques que les partis devront mettre en place maintenant.

Pour l’instant, les partis politiques sont en train de minimiser l’importance de cette question, et pensent : « ça va leur passer ». Mais nous ne sommes pas dans cette dynamique. Probablement l’ampleur du changement nécessaire est telle que nous devrons faire des modifications depuis le code électoral jusqu’à la Constitution elle-même. Mais si cela ne se fait pas, si des avancées dans ce sens ne se font pas sentir, le mouvement continuera, et a de fortes chances de s’étendre.

Si nous tenons jusqu’au dimanche 22 mai et que les élections nous ressortent le même scénario et toujours les mêmes messages, j’ai le sentiment que le mouvement va s’intensifier. Mais en qui concerne ces mouvements de société, personne n’en possède le contrôle ou le pouvoir de prédire ce qu’il en adviendra.
La seule certitude est que l’Espagne a déjà sa révolution.

Article extrait de Owni.fr, traduction : Ophelia Noor
Traduit depuis le blog d'Enrique Dans


Vous l'aurez compris, les origines de ce soulèvement sont liées principalement à la crise économique globale qui a durement touché l'Espagne, avec un taux de chômage de plus de 40% chez les jeunes de moins de 25 ans, mais aussi la perte de confiance de toute une population envers ses politiques, minés par la corruption et faisant la sourde oreille face à la détresse des citoyens espagnols.


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Voici maintenant une interview de Víctor Valdés, porte-parole du collectif "Juventud sin Futuro" :


Ramón Pedregal : Qu’es-ce que «Juventud Sin Futuro»?

Víctor Valdés : «Juventud Sin Futuro» a été créé comme un espace de coordination entre les associations critiques et de base des universités publiques de Madrid. Dans le passé, nous avons travaillé au coude à coude dans différents mouvements et luttes, comme le mouvement d’opposition au Plan Bologne ou dans la participation active à la grève générale du 29 septembre 2010. Nous avons décidé de faire un pas en avant, de nous organiser à une autre échelle et lancé «Juventud Sin Futuro» comme plateforme capable de rassembler et d’exprimer la rage qui vit dans la jeunesse précaire et estudiantine. Nous voulons clairement faire savoir que nous refusons de payer leur crise.


R.P. : Comment en est-on arrivé à l’organisation du dimanche 15 mai par «Democracia Real ¡ya!» et «Juventud Sin Futuro», avec des slogans tels que «Sans Travail, Sans Maison, Sans Peur» et pourquoi une telle initiative?

V.V. : L’événement du 15 mai suppose un point de départ et une suite. Le 7 avril dernier, nous étions déjà sortis dans la rue, avec le soutien de plusieurs collectifs sociaux et politiques, afin d’exprimer notre rejet face à toutes les attaques orchestrées par les élites économiques, comme par exemple la réforme des pensions (reculant l’âge de la retraite à 67 ans, NdT), qui frappent durement ceux d’en bas. Le succès du 7 avril a été inespéré.

Nous avons décidé ensuite de soutenir activement la mobilisation citoyenne du 15 mai, lancée par la plateforme «Democracia Real Ya!». Le travail réalisé jusqu’au 15 mai a été très intense et, comme on l’a vu, il a donné ses fruits. Nous avions décidé de garder les slogans utilisés pour la précédente manifestation, car nous pensons qu’elles correspondent parfaitement aux nécessités et exigences des jeunes dans tout l’Etat espagnol. A notre agréable surprise, ce furent surtout les mots «Sans Peur» qui ont été très repris et qui sont devenus emblématiques de ce mouvement.


R.P. : Il y a eu des milliers de personnes et parmi elles nombreuses sont celles qui n’ont jamais participé aux manifestations contre la crise. On notait sur les pancartes et les calicots certains messages qui le confirment. Quel bilan tirez vous de cette participation? Peut-on dire qu’on a brisé, ou commencé à se fissurer, l’absence de confiance vis-à-vis de l’action collective qui prédominait chez pas mal de gens?

V.V. :Il est évident qu’il y a un secteur social qui a perdu la confiance vis-à-vis des structures traditionnelles de mobilisations. L’exemple le plus clair est celui des syndicats majoritaires et de leur politique de collaboration et de compromission. Autrement dit, quand une organisation syndicale cesse de remplir sa fonction, dans ce cas la défense des intérêts de la classe ouvrière, elle perd son efficacité.

C’est pour cela que ce secteur social s’est levé de sa chaise pour sortir dans la rue et que cette manifestation s’est centrée autour du mot «citoyenneté», car cela est clair pour tout le monde et concerne tout le monde.C’est un mouvement de et par des gens indignés qui ont su canaliser le mécontentement populaire.

D’autre part, avec cette action collective à laquelle un vaste secteur social a participé, il ne fait pas de doute qu’il y a une prise de conscience sur le fait que nous sommes bien plus forts que nous ne le pensions. Je me rappelle qu’un des slogans les plus criés était «le peuple, uni, jamais ne sera vaincu».

Par rapport à la participation numérique, tout ce que je peux dire personnellement (nous n’avons pas encore fait une évaluation sur ce point dans JSF) c’est que cela représentait au moins la moitié des participants aux manifestations pendant la grève générale.


R.P. : Quelle a été l’attitude des autorités? Pourquoi, selon toi, lorsque les gens protestent dans la rue, les juges, les policiers et le ministère de l’intérieur s’attaquent aux jeunes alors qu’ils ne font rien contre les banquiers responsables de la ruine sociale?

V.V. : Ceux qui composent «l’Etat de droit» et qui devraient rendre la justice sont parfois soumis à des groupes de pression capitalistes. A mon humble avis, ils devraient plutôt juger et condamner ceux qui provoquent les injustices sociales vus qu’ils sont, qu’ils le veuillent ou non, ceux qui sont chargés d’administrer la justice. La voix des sans voix doit être représentée à tout moment et respectée. Si ce n’est pas le cas, alors c’est que quelque chose ne tourne pas rond. C’est d’autant plus le cas quand la majorité sociale n’a aucun écho dans les grands médias qui façonnent l’opinion.

Concrètement, par rapport aux jeunes, on a créé un climat de discrédit par rapport à notre situation. Il y a le fameux «ninisme» selon lequel les jeunes dans ce pays ne veulent ni étudier, ni travailler. Il s’agit certainement du plus vil des mensonges depuis des années au vu du fait que nous avons un des taux d’abandon scolaire le plus haut d’Europe et que le chômage des jeunes atteint 45%. Ce n’est pas que nous ne voulons pas, la réalité c’est que nous ne pouvons pas étudier et qu’ils ne nous laissent pas travailler.


R.P. :24 manifestants ont été arrêtés le 15 mai et il y a eu des charges policières qui ont rappelé l’époque de la dictature…

V.V :A «Juventud Sin Futuro» nous condamnons de manière énergique la brutale et démesurée répression policière qui a frappé la fin de la marche et nous nous solidarisons avec les personnes blessées et arrêtées.


R.P. : A la tête de la manifestation se trouvait des jeunes avec des pancartes en forme de couvertures de livres et avec des titres d’ouvrages qui défendent une conscience sociale critique. Les livres critiques offrent-ils une perspective, ensemble avec la mobilisation?

V.V.:Il faut remarquer que ces pancartes, les «Book Block», sont un clein d’œil aux différentes luttes étudiantes et de la jeunesse précaire qui ont eu lieu dans plusieurs pays d’Europe où ils sont également utilisés dans les luttes.

Les jeunes lisent aussi. Il existe un lien entre la conscience que nous apporte quelque chose d’aussi fondamental qu’un livre et la défense de la culture et du savoir face aux plans de marchandisation de l’université et de l’enseignement en général. C’est pour cela que «Juventud sin Futuro» a décidé de mettre en première ligne un «Book block».


R.P.:Quelle est l’avenir de la jeunesse et de l’ensemble des travailleurs après la mobilisation du 15 mai?

L’avenir de la jeunesse et des classes populaires passe par la résistance, par la lutte et par l’affrontement clair et direct avec les élites économiques capitalistes et la classe politique dominante.

Il passe par l’exigence de faire marche arrière dans la réforme des pensions, pour une redistribution des richesses, pour donner un coup d’arrêt à la marchandisation de l’enseignement, pour exiger un loyer social et universel pour que nous ayons le droit à un logement digne, pour l’abrogation de la réforme du droit du travail qui permet qu’on se fasse licencier injustement quand nous ne sommes plus rentables pour les entreprises. «Parce que vous nous avez enlevé trop de choses, maintenant nous voulons tout!»

L’organisation, l’implication et la réappropriation des espaces publics sont autant d’éléments essentiels pour que le mouvement social se cimente correctement et avance uni et sans fissures.

Entretien réalisé par Ramón Pedregal pour www.rebelion.org.
Traduit par www.lcr-lagauche.be.



Quelques liens pour mieux comprendre le mouvement :

En français :
- http://reelledemocratie.com/
- http://democraciarealyafrance.blogspot.com/
- https://www.facebook.com/reelle.democratie.maintenant

En Espagnol :
- http://www.democraciarealya.es/
- http://www.juventudsinfuturo.net/
- http://www.facebook.com/democraciarealya

Suivez l'actualité du mouvement sur Twitter :
- #spanishrevolution : http://twitter.com/#!/search/%23spanishrevolution
- #frenchrevolution : http://twitter.com/#!/search/frenchrevolution
- #Global Revolution : http://twitter.com/#!/search/%23globalcamp


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Rivalpo
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Re: [ACTU] Comprendre la révolte espagnole

Mensajepor Rivalpo » Lun May 23, 2011 12:47 pm

Salut Weed'O,

je profite d'un petit passage rapide pour participer à cet excellent fil de discussion.

Une partie de ma famille, ainsi que celle de ma femme, vit en Espagne. Nous avons des neveux, des cousins, des oncles qui sont durement touchés par la crise, en particulier tous ceux qui bossaient pour la construction et l'immobilier. Notre ami tristan est lui aussi une victime de plus. Il bossait dans le bâtiment, l’électricité plus précisément. C'est d'ailleurs la perte de son emploi qui l'a motivé à créer la boutique Cannabisonline.

L'euphorie et l'optimisme résultant d'une croissance espagnole qui tournait autour de 3 à 3,5% en 2005 (exceptionnelle pour un pays européen) ont laissé place à une amertume et à un pessimisme jamais vus dans ce pays. La faute à la spéculation, à la corruption des politiques locaux et régionaux... et à la crise économique! Régulièrement, les affaires de corruption défrayent régulièrement la chronique et minent le paysage politique, ainsi que la confiance des citoyens dans leurs élus

Zapatero, quant à lui, a cristallisé la rage et le désespoir de ses compatriotes. Même s'il n'est pas directement responsable de la crise économique et de ses ravages, il a commis des erreurs stratégiques impardonnables pour un dirigeant, qui est pourtant entouré de conseillers et d'experts en tout genre. La plus grave de toutes est de ne pas avoir anticipé l’éclatement (prévisible) de la bulle spéculative immobilière, envoyant ainsi au chômage, et pour un bon moment, des centaines de milliers d'espagnols et d'immigrés, tout en bouchant pendant longtemps l'horizon de centaines de milliers d'étudiants hautement diplômés (ingénieurs, architectes, etc...)

http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cono ... %27Espagne Economie de l'Espagne

En 2007, un an avant que n'éclate la crise mondiale, l'édito des mois de juillet/août de la revue Soft Secret Espagne avertissait déjà des risques que prenait l'économie espagnole en s'appuyant sur le secteur de la construction et l’immobilier. Si de simples citoyens fumeurs de joints ont su prédire l'hypothèse de l'imminence d'un crack économique mondial, comment est-il possible que les conseillers économiques du président Felipe Zapatero n'en aient pas fait autant?

http://www.softsecrets.nl/?id=76&title=Numeros voir la deuxième partie de l'édito du numéro 4 de l'année 2007

La colère des espagnols est tout à fait justifiée et l'éviction de Zapatero également. Le gros problème c'est que le PP (partido popular), parti de droite populiste (idéologiquement situé entre l'UMP et le FN) va gouverner un pays mal en point. Il est bon de se rappeler qu'en 2004, l' Espagne avait massivement voté contre le PP et Aznar, coupables d'avoir suivi la coalition de Bush en Irak, ce qui avait provoqué les attentats de Madrid et les mensonges du gouvernement qui, à trois jours des élections, avait intérêt à ce que l'attentat fût commis par l'ETA et non pas par des islamistes. Les espagnols ont mis beaucoup (trop? ) d'espoirs dans ce changement de gouvernement, espérons qu'ils ne soient pas déçus.

http://www.larousse.fr/encyclopedie/div ... ire/139210 Le Parti Populaire par Larousse

http://www.marpresse.com/2010/11/les-ge ... menacante/ Parti populaire espagnol : Une droite menaçante


Quelques liens sur «los indignados»:

http://www.liberation.fr/monde/01012338 ... et-revolte

http://www.liberation.fr/monde/11011495 ... ans-la-rue

http://www.courrierinternational.com/ar ... e-en-peine

http://www.soltv.tv/soltv2/index.html la Puerta del Sol en direct

...
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misterD
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Re: [ACTU] Comprendre la révolte espagnole

Mensajepor misterD » Lun May 23, 2011 1:24 pm

Bonjour,

Merci messieux pour cest posts tres enrichissant et intéraissent!

Blague appart. Ces temp si, plus je voix le mot corruption, plus jai des crampe au ventre. :| :idea:
Revolution will make "fallujah" look like a street fight!

weed'O
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Re: [ACTU] Comprendre la révolte espagnole

Mensajepor weed'O » Lun May 23, 2011 4:56 pm

Hola a todos.

Rivalpo : ça fait plaisir de te voir dans le coin, amigo :D
Et d'autant plus que tu interviennes sur ce sujet... comme je le disais en intro, tu es beaucoup mieux placé que moi pour en parler avec pertinence ;)


Le dépouillement partiel donne le PP majoritaire avec 37,58 % des voix, alors que les socialistes du PSOE arrivent loin derrière, avec 27,81 %.
Rappelons que les Espagnols votaient pour élire leurs représentants locaux : conseils municipaux et députés des 13 régions autonomes.

La prochaine échéance électorale espagnole -mars 2012 et les législatives- confirmera-t-elle ce revirement des électeurs ?

(édit Rivalpo: analyse de Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur spécialiste de l'Espagne à l' IRIS)
http://www.lemonde.fr/europe/article/20 ... r=RSS-3208


Pendant ce temps-là, los indignados continuent leur occupation pacifique et apolitique* des grandes places des grandes villes d'Espagne.
Les porte-paroles du mouvement ont déclaré vouloir camper jusqu'au dimanche 29 mai -sans exclure de reconduire l'occupation.

J'en parlais dans le premier post : le mouvement a fait boule de neige et de nombreuses manifestations et/ou occupations s'organisent un peu partout dans le monde -consultez le site de Réelle Démocratie Maintenant pour connaître les évènements près de chez vous... voire même lancer le votre !

Quelques liens pour comprendre cette actualité :

- L'Express : les clefs de la colère espagnole
- Le Monde : la défaite des socialistes espagnols
- France 2 : Les indignés ne désarment pas
- éditorial du quotidien Le Monde: En espagne, la lecon de los indignados

* Les manifestants ont toujours affiché leur neutralité à l'égard du scrutin : "Nous ne nous positionnerons pas, nos priorités sont différentes", ont-ils déclaré au quotidien El Mundo

+
Weed'O

[Edit] : merci Dawi d'avoir relevé la coquille ;)

weed'O
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Re: [ACTU] Comprendre la révolte espagnole

Mensajepor weed'O » Vie May 27, 2011 1:40 pm

Hola a todos.

Je vous poste la vidéo tirée d'un article d'Antena3 :



:shock:

Ainsi que la traduction de l'article :

Les Mossos d'Esquadra ont chargé un groupe de personnes avec leurs matraques, sur la Place de la Catalunya de Barcelone.
Ils essayaient d'empêcher que les camions de nettoyage, chargés des biens des campeurs, sortent du lieu.

Les Mossos se sont servis de leurs matraques et ont tiré des salves, faisant de nombreux blessés.
Les gens ont répondu de leurs cris : "C'est ça votre démocratie", en levant les mains et en applaudissant.
Une fois dispersés, ils ont choisi de revenir sur la place, en chantant le cantique "Le peuple uni ne sera jamais vaincu" ( "El pueblo unido jamás será vencido").

Le dispositif policier s'est retiré après avoir démonté le campement et emporté le matériel qu'ils considèrent comme potentiellement dangereux. Les agents se sont ouvert une voie parmi les campeurs pour permettre le travail des brigades municipales de propreté, après qu'ils eurent retiré le cordon policier qui entourait la place et permis d'accéder au millier de personnes qui s'étaient regroupées pour soutenir les campeurs.

Parmi les effets saisis, il y avait des matelas, des stores, des canapés et des éléments rigides qui servaient de support aux pancartes et aux haut-parleurs des campeurs.

Quelques groupes isolés ont résisté aux des Mossos en s’immisçant parmi eux et en se regroupant, ce à quoi les agents ont répondu en les dispersant à coups de matraque.
Comme Antenne 3 a pu l'apprendre, la police n'avait pas reçu d'ordre d'expulsion. La Police aurait voulu trouver un accord avec les campeurs pour réaliser les opérations de propreté et ceux-ci auraient refusé.

Après que les Mossos se furent déployés sur la place, pour faciliter le travail de nettoyage et d'évacuation des objets qui pouvaient représenter un danger pour la sécurité, de nombreux sympathisants du mouvement de protestation ont commencé à arriver en tentant d'en fermer tous les accès.

Certains des jeunes campeurs ont crevé des pneus des camions de propreté, pour empêcher qu'ils quittent la place avec les fourneaux, les tables, les chaises et autres ustensiles et objets que les "indignés" ont accumulé durant ces jours de protestation, pendant que les Mossos les chargeaient pour faciliter le départ des camions.

43 personnes ont été légèrement blessées durant les émeutes et ont été prises en charge par le Système d'Urgences Médicales (Sem). D'après les informations obtenues par des sources du SEM, il n'y a que des blessés légers -dont un policier- et cinq d'entre eux ont du être placés au Centre de Surveillance Primaire de Sonnailler.



Puis je vous laisse seuls juges de l'état de la démocratie ... :(


Saludos

loustik
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Re: [ACTU] Comprendre la révolte espagnole

Mensajepor loustik » Vie May 27, 2011 10:34 pm

Affligeant

Rivalpo
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Re: [ACTU] Comprendre la révolte espagnole

Mensajepor Rivalpo » Sab May 28, 2011 7:49 pm

Salut,

pour les hispanophones, voici une excellente video d'Aleix Saló qui nous aide à comprendre les raisons de l'écroulement de l'économie espagnole et pourquoi ce pays est devenu celui où le pourcentage de chômeurs est le plus élevé de l'UE

De la burbuja inmobiliaria a la crisis (de la bulle immobilière à la crise)

ImagenImagen

MiG
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Re: [ACTU] Comprendre la révolte espagnole

Mensajepor MiG » Mié Ene 11, 2017 10:32 pm

Revuelta!? Revolucion!?...
Aquello fue solo una pataleta popular que sorprendio solo por lo indolente y autocomplaciente que se habia comportado el rebaño durante las "vacas gordas"...
...Nos faltan muchos cojones/ovarios para poder mirar a la cara a nuestros abuel@s de la II Republica...(¿que habria pasado si...?).
...Solo es verdaders Revolicion la que se gana...

PD: Excuse moi; je ne parle pa francaise. Salud desde el Hispanistan Profundo.


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