L'espèce humaine est homogène à environ 99,9 %

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L'espèce humaine est homogène à environ 99,9 %

Mensajepor Rivalpo » Jue Oct 03, 2013 1:27 pm

Bertrand Jordan est biologiste moléculaire. Il a fondé en 2000 la Génopole de Marseille (devenue Marseille-Nice Génopole) et est l'auteur de plusieurs ouvrages sur la génétique.

Que nous a appris la biologie du dernier demi-siècle sur l'existence des races humaines ?

Après la seconde guerre mondiale et la découverte de l'énormité des crimes nazis, la notion de race devient suspecte. La science, qui s'employait jusqu'alors à prouver l'existence des races, suit ce renversement idéologique.

Dans les années 1950, les groupes sanguins deviennent le premier outil moléculaire permettant d'évaluer la diversité biologique humaine de façon objective. L'étude de leur répartition montre qu'on retrouve tous les groupes sanguins dans toutes les populations du monde, mais que certains groupes sont plus fréquents dans certaines populations que dans d'autres. Cela préfigure ce que confirme aujourd'hui la génétique : il n'y a pas de sous-ensembles complètement séparés au sein de l'espèce humaine, et il y a en même temps une certaine différenciation entre les populations.

Quand et comment la génétique parvient-elle à cette conclusion ?

La découverte de l'ADN, le support moléculaire de l'hérédité, date de 1944, mais il faut attendre plusieurs décennies pour faire véritablement parler nos gènes. En 2000, le programme international Génome humain aboutit à la première ébauche de séquençage de notre patrimoine génétique, et il devient possible de comparer celui-ci entre plusieurs centaines de personnes. On découvre alors que la quasi-totalité de notre patrimoine génétique est identique chez les Africains, les Européens ou les Asiatiques. L'espèce humaine est génétiquement homogène à environ 99,9 %, ce qui invalide la notion biologique de races humaines. Cela n'empêche pas d'identifier des groupes distincts au sein de la population.

Homogène à 99,9 %, sur les 3 milliards de bases que contient l'ADN humain, cela signifie en effet une différence de 0,1 %, soit tout de même 3 millions de bases qui varient entre vous et moi. En modifiant la nature d'un même gène, ces variants peuvent se traduire par des différences de taille, de couleur de peau, ou encore de sensibilité à certaines maladies entre individus.

A mesure que la génétique progresse, on s'aperçoit que la plupart de ces variants se répartissent de la même façon dans toutes les populations : chez les Papous comme chez les Bretons, on retrouvera tous les variants d'un gène donné.

Mais, comme pour les groupes sanguins, certains variants seront plus fréquents dans certains groupes que dans d'autres. Ce sont ces différences de répartition qui permettent de dessiner des groupes au sein de l'espèce humaine. Avec une telle puissance d'analyse qu'on peut ainsi distinguer les Français des Belges ou des Suisses, pour la simple raison que deux Français ont plus de chances d'avoir un ancêtre commun qu'un Français et un Suisse.

Si les races humaines n'existent pas au plan biologique, pourquoi parle-t-on de races de chiens ?

S'il y a des races distinctes au sein de l'espèce canine, avec des aspects, des tailles et des comportements différents, c'est que des chiens ont été sélectionnés pendant plusieurs siècles, de façon extrêmement pointue, afin de favoriser les caractères qui étaient recherchés.

De la même façon, des races auraient pu apparaître chez l'homme si diverses populations étaient restées séparées très longtemps, sans aucun mélange, dans des régions différentes. Ou si l'expérimentation initiée par Hitler avait été prolongée sur quelques millénaires. Mais nous sommes une espèce récente (moins de 200 000 ans), qui a toujours connu beaucoup de déplacements et d'intermariages.

Compte tenu du métissage accéléré que connaît actuellement l'humanité, peut-on imaginer l'évolution future de notre diversité génétique ?

La mondialisation des migrations et des unions va estomper les contours biologiques entre groupes humains. D'ici un siècle, les différences génétiques entre populations seront plus faibles qu'aujourd'hui... Et c'est plutôt une bonne chose.


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