Et le chanvre qui pousse dans les champs en France, celui à moins de 0,2% de THC, combien contient t'il de CBD en moyenne ? 1% ? 5-6% ?
C'est une info que j'arrive pas à trouver, personne à une idée ? Rivalpo ?
J'avais gardé un PDF qui traitait de ce sujet, mais que j'hésitais à poster à cause des notions en chimie qui sont requises. Malgré tout, certains passages sont parfaitement compréhensibles.
IntroductionLa culture du chanvre (Cannabis sativa L., Cannabaceae) est traditionnelle en France. Elle se fait encore aujourd'hui chaque année sur près de 10 000 ha. Les fibres de la tige ont des utilisations industrielles variées. Des opérations de sélection, menées depuis plus d'une vingtaine d'années, ont permis d'obtenir des variétés à teneur particulièrement faible en A-9-tétrahydrocannabinol (Á-9-THC), principale substance responsable des propriétés psychoactives de la plante.
Selon une réglementation datant de l'année 2000, les variétés autorisées à être cultivées doivent présenter une teneur en A-9-THC ne dépassant pas 0,2 %. Le texte réglementaire détaille, par ailleurs, la «Méthode communautaire pour la détermination quantitative du A-9-THC des variétés de chanvre» . Cette méthode officielle a été largement commentée dans un récent travail. Il est, certes, fondamental de déterminer la teneur du chanvre en À-9-THC, notamment en termes de santé publique, mais, aujourd'hui, ce seul critère n'est, à l'évidence, plus suffisant pour apprécier le potentiel
toxicomanogène ou non d'une culture. Par ailleurs, la méthode communautaire est très contraignante, ce qui oblige à faire des choix quant aux analyses à diligenter.
Après quelques rappels relatifs, d'une part, à la composition chimique du chanvre, puis, d'autre part, à sa réglementation, seront présentées les évolutions des teneurs moyennes en cannabinoïdes au cours de la croissance et selon les parties prélevées. Une meilleure connaissance de ces critères de variation des principales substances chimiques du chanvre, dont le Á-9- THC, est en effet nécessaire pour envisager de faire la proposition de la prise en compte de paramètres plus stables, donc plus pertinents.
Rappels chimiquesPlus d'une soixantaine de cannabinoïdes ont été décrits dans le chanvre. Il s'agit de substances spécifiques, d'origine terpénique, résultant de la condensation du pyrophosphate de géranyle et de l'olivétol. Le premier cannabinoïde ainsi formé est le cannabigérol (CBG) ; les autres en dérivent, notamment les dérivés du tetrahydrocannabinol (THC), du cannabidiol (CBD) et du cannabichromène (CBC). A noter que le cannabinol (CBN) n'est pas un cannabinoïde naturel, il s'agit d'un produit de dégradation du THC ; il est normalement absent dans les plantes fraîches ou dans les échantillons
récemment préparés. La plupart des cannabinoïdes naturels existent sous forme acide (dérivés carboxyliques) dans la plante; au cours du séchage, puis de la conservation, il se produit une décarboxylation conduisant aux formes neutres.
Selon les proportions relatives de A-9-THC (principal cannabinoïde responsable des propriétés psychotrope du Cannabis) et de CBD (cannabinoïde non psychotrope) , on distingue plusieurs phénotypes (encore appelés types chimiques ou chimiotypes) ; la figure 1 permet de les visualiser. Il est désormais classiquement admis que les proportions relatives des principaux cannabinoïdes dépendent de facteurs génétiques, mais que leurs teneurs sont néanmoins influencées par des facteurs environnementaux. Concrètement, les facteurs génétiques conditionnent une variation considérable de la teneur en A-9-THC (d'un facteur 1 à plus de 1 000) alors que les facteurs environnementaux sont responsables d'une variation beaucoup plus faible (de 1 à 2 environ). Pour tenir compte de ces variations, mais aussi pour tenter de classifier les différentes variétés, plusieurs méthodes ont été proposées. Elles consistent, pour certaines, à établir différents rapports de teneurs en plusieurs cannabinoïdes :
(A-9-THC + CBN) / CBD : > 1 = phénotype drogue
.............................: < I = phénotype fibre
A-9-THC / CBD et CBN / CBD : rapports > 1 = chanvre à résine
...................................: rapports < 1 = chanvre textile.
II en est de même pour un autre rapport, plus complexe, où sont pris en considération au numérateur les cannabinoïdes présentant des propriétés psychotropes ou produit de dégradation des précédents (CBN) et au dénominateur des cannabinoïdes non psychotropes comme le CBD, son dérivé C3 : CBDV, le CBC, le CBG et l'un de ses dérivés mono-méthyl-éther (le CBGM) :
A-9-THC + A-9-THCV + CBN + A-8-THC) / (CBDV + CBD + CBC + CBG + CBGM).
Si le rapport est supérieur à 1 --> phénotype drogue
Si le rapport inférieur à 1 --> phénotype fibre
Une autre classification ne retient que les
teneurs en THC et en CBD :
Si THC supérieur à 0,3 % et CBD inférieur à 0,5 % --> phénotype drogue
Si THC supérieur à 0,3 % et CBD supérieur à 0,5 % --> phénotype drogue intermédiaire
Si THC inférieur à 0,3 % et CBD supérieur à 0,5 % --> phénotype non-drogue
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A côté de ces trois phénotypes très fréquents (drogue, drogue intermédiaire et fibre), basés sur les proportions relatives de THC et de CBD (figure 1), d'autres, plus rares, ont été décrits. Pour ces derniers, le cannabinoïde majoritaire est alors soit le A-9-THC-C3 (THCV) pour un phénotype retrouvé dans des chanvres originaires d'Afrique du Sud, soit le CBG pour un phénotype identifié pour la première fois en France.
Mais d'autres méthodes de classification ont été proposées; certaines sont basées sur la détermination de profils chromatographiques (CPG ou CLHP) , ou plus récemment sur des analyses ADN (technique RAPD : Random Amplified Polymorphic DNA). II est important de remarquer que la plupart de ces propositions de classification ont été faites en se basant sur des analyses individuelles de plantes de différentes variétés et/ou de différentes origines géographiques.
Rappels de la législation en vigueurPour le Code de la Santé Publique, les variétés dont la culture est autorisée (tableau I) ne doivent pas avoir une teneur en A-9-THC supérieure à 0,3 % . De plus, ces variétés peuvent bénéficier de paiements à la surface de la part de la Communauté Européenne, mais à condition que leur teneur soit inférieure à 0,2 %. A noter qu'une harmonisation des législations est en cours. Selon l'annexe au Règlement (CE) 2860/2000 de la Commission du 27 décembre 2000, la détermination quantitative du A-9-THC des variétés doit se faire, selon le cas, en appliquant une procédure A ou une procédure B. Le tableau II rassemble les caractéristiques de ces deux procédures. Il convient de remarquer qu'ici il ne s'agit pas d'analyses individuelles ; en effet, selon la procédure mise en oeuvre, l'analyse est effectuée sur des parties différentes de 50 ou 200 sommités de plantes prélevées à des époques différentes.
Commentaires relatifs à la procédure officielle d' échantillonnage/taille de l'échantillonLa teneur en A-9-THC d'un échantillon est, comme cela a été précédemment rappelé, considérablement influencée par la répartition chimiotypique au sein de la variété. Il a été montré que pour une variété constituée de plantes n'appartenant qu'à un seul chimiotype, l'influence du nombre de plantes prélevées est réduite. A l'inverse, pour des variétés non sélectionnées sur des critères chimiotypiques, plus le nombre de plantes dans l'échantillon est faible, plus la variation de la teneur en À-9-THC est importante. L'application de la procédure A ou de la procédure B ne peut alors conduire au même résultat. Il a, d'ailleurs et logiquement, été montré que l'application de la méthode A ne peut conduire qu'à un résultat supérieur, plus variable et moins répétable, que
lors de l'application de la méthode B .
Partie prélevéeIl est aussi classiquement admis que la teneur en A-9- THC est plus élevée dans les inflorescences que dans les feuilles (environ x 2 à 4) et que dans les tiers supérieurs (environ x 2) (36-38). Les plantes issues de cultures établies selon une densité de semis importante (cultures industrielles : 50 kg de semences à l'hectare) présentent une teneur en A-9-THC comparable au niveau de la plante entière et du tiers supérieur (méthode B) et un peu plus élevée pour la partie «30 cm» (méthode A). Ces résultats sont prévisibles car les parties vertes (feuilles et inflorescences) coïncident avec le tiers supérieur dont les «30 cm» représentent la majeure partie. Pour les plantes issues de cultures mises en place selon une faible densité (1,5 kg de semences à l'hectare), les ramifications, le développement foliaire et celui des inflorescences sont importants. La teneur en Á-9-THC sera, à l'évidence, très différente selon la
méthode (A ou B) d'échantillonnage appliquée (A » B).
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- Teneurs et rapports THC CBD.PNG (20.99 KiB) Visto 10181 veces
Variété Fedora 17 (F 17)L'étude de la variation des teneurs en A-9-THC et en CBD montre que jusqu'à 50 - 60 jours après la levée, elles évoluent parallèlement et de façon quasiment linéaire. Après cette période, qui coïncide avec la floraison, elles sont plus fluctuantes mais restent parallèles (figure 2). Ainsi, comme le montre la figure 3, le rapport a = A-9-THC / CBD est quasi constant 0,038 ± 0,005.
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- Teneurs THC CBD F17 fig.3.PNG (43.72 KiB) Visto 10180 veces
Variété SecueniLes variations des teneurs en A-9-THC et en CBD sont reportées sur la figure 4. On peut constater que dès le début de la végétation (25 - 30 jours après la levée = début du mois de juillet), la teneur en A-9-THC dépasse 0,2 %. Elle atteint son maximum (environ 1 %) vers 50 - 60 jours après la levée ; ce stade correspond à la floraison. Tout au long de la fructification, les teneurs en A-9-THC restent comprises entre 0,4 et 0,6 %. Les variations de la teneur en CBD évoluent de manière quasiment parallèle à celles du A-9-THC. Le rapport
a = A-9-THC / CBD est, de fait et comme le montre la figure 5, relativement constant tout au long de la croissance de la plante. Il se situe à 0,81 ±0,17.
- Teneur THC CBD Secueni fig.4.PNG (18.58 KiB) Visto 10174 veces
- Teneurs THC CBD Sécueni fig.5.PNG (15.05 KiB) Visto 10174 veces
Evolution des teneurs en A-9-THC et en CBD selon la partie prélevéeUne étude a été menée sur plusieurs variétés pour évaluer la teneur en cannabinoïdes dans les différentes parties vertes de la plante. Rappelons que les graines n'en contiennent pas. A titre d'exemple, les résultats relatifs à la variété Fedora 17 sont ici rapportés. Les moyennes des analyses sont présentées sur la figure 6. On constate que les teneurs en A-9-THC et en CBD varient du simple au double et de façon régulière entre le tronçon terminal et le tronçon distal. Le rapport a = A-9-THC / CBD, très logiquement, reste constant quel que soit le prélèvement effectué (figure 7).
- fig. 6 et 7.PNG (83.6 KiB) Visto 10174 veces
Par ailleurs, il avait été montré sur plusieurs variétés que la teneur en A-9-THC d'un échantillon était influencée par la partie prélevée en vue de l'analyse.
Cette constatation a pu être, ici, mise en évidence aussi bien sur la variété Fedora 17 que sur la variété Secueni et ce quelle que soit la période de prélèvement. Les figures 8 et 9 montrent l'évolution des teneurs en A-9-THC et en CBD dans les feuilles et les inflorescences de ces mêmes variétés au cours de la croissance des plantes. Il convient de remarquer que les évolutions de ces deux cannabinoïdes sont concomitantes.
Conséquences pratiques de ces observationsLa méthode officielle de dosage du A-9-THC impose d'effectuer les prélèvements pendant une période comprise entre vingt jours après le début et dix jours après la fin de la floraison (ici entre 60 et 80 jours après la levée) (procédure A) ou au cours des dix jours suivant la fin de la floraison (ici entre 70 et 80 jours après la levée) (procédure B). Sans attendre si longtemps, tout prélèvement, même précoce (avant la floraison, par exemple), permet de savoir si une culture de chanvre est, ou non, établie à partir d'une variété à fibres...
Source:
Annales de Toxicologie Analytique, vol. XV, n° 4, 2003
Intérêt du rapport À-9-THC / CBD dans le contrôle des cultures de chanvre industriel