[Colombie] Corinto

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Rivalpo
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[Colombie] Corinto

Mensajepor Rivalpo » Lun Dic 31, 2012 4:52 pm

Salut,

je vous propose un petit tour dans une des zones traditionnelles de culture, autour de la petite ville de Corinto.

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En observant la carte, on voit bien les deux cordillières -occidentale et centrale- qui traversent la Colombie. En vert, les ville de Manizales au nord, et celles de Cali, au sud. Juste à côté, à la droite de Cali, celle de Corinto qui n'apparait pas sur la carte mais que j'ai situé approximativement avec un point vert. Ce sont des zones de culture traditionnelle de la marijuana colombienne

Cali fait partie du département du Valle del Cauca et Corinto se situe dans le département de Cauca, à la limite du Valle del Cauca et pas très loin du département de Huila, près d'un Volcan nommé Nevado de Huila.

L' herbe qui provient de la zone de Corinto est très populaire en Colombie.

Je vous poste la traduction d' un excellent article en espagnol de Maria pachón, journaliste colombienne sur la Marihuana de Corinto

Photos de Carlos Villalón illustrant l'article :

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Les petites ampoules fluocompactes sont destinées à prolonger la photopériode naturelle. Ces plantes sont des hybrides hollandais qui nécessitent en croissance un cycle lumineux plus long que celui des pures sativas locales qui ont pratiquement disparu de Colombie

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grandsapin
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Re: [Colombie] Corinto

Mensajepor grandsapin » Mar Ene 01, 2013 6:46 pm

Salut
merci à toi pour cette info!
a plus

Numide
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Re: [Colombie] Corinto

Mensajepor Numide » Dom Ene 06, 2013 9:09 am

Merci Rivalpo ;)

La première photo :shock: :shock: :shock:
Je me suis pris le Mangobich, j'ai hâte d'en lancer cette année.

Saludos

Dricks
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Re: [Colombie] Corinto

Mensajepor Dricks » Dom Ene 06, 2013 10:33 am

Salut
Sympa c info
C assez impressionnant la 1ère tof !!
La cheval aussi doit se sentir bien
À+

Rivalpo
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Re: [Colombie] Corinto

Mensajepor Rivalpo » Dom Ene 06, 2013 1:16 pm

Salut à tous,

merci pour vos comms. C'est toujours intéressant de pouvoir visualiser et localiser géographiquement les zones de culture. La Corinto (ou Corintiana), la Punto rojo et la Mangobiche sont des plantes cultivées dans les sierras des cordillères centrales, tandis que la Santa Marta dorada est cultivée au nord, dans la sierra Nevada de Santa Marta qui domine la mer des Caraïbes avec ses 5575 m d'altitude.

Dans ces zones de culture traditionnelles on cultive de moins en moins ces souches et de plus en plus des hybrides locaux/hollandais ou carrément des "variétés" hollandaises telles que la White Widow ou la Skunk#1, dont la demande a explosé ces dernières années à cause des nouvelles générations de jeunes consommateurs autochtones qui les préfèrent aux souches locales ... que seuls les plus vieux apprécient encore. On retrouve désormais ce phénomène dans toutes les îles et les pays bordant la mer des Caraïbes (Ste Lucie, Jamaïque, Colombie, Guatemala, Mexique...). 'A ce sujet, voir mon dernier post sur le topic "Lambsbread et Blue Mountain".

Je vais essayer de vous traduire peu à peu cet excellent article sur Corinto. Ce serait dommage de ne pas vous en faire profiter ;)

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Izaak
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Re: [Colombie] Corinto

Mensajepor Izaak » Lun Ene 07, 2013 4:07 pm

D'avance, merci Rivalpo !
Ce serait dommage en effet :)
-High Zaak-

Rivalpo
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Re: [Colombie] Corinto

Mensajepor Rivalpo » Mié Ene 01, 2014 9:48 pm

En exclusivité pour Cannabisonline, voici enfin la la traduction ;-)



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MARIJUANA DE CORINTO: 100% PAYSANNE.



Je ne connaissais pas le parfum du cannabis sauvage jusqu'à ce qu'une rafale de vent m'apporte son arôme douceâtre mélangé avec celui de la jungle humide. Dans cette partie du pays, la marijuana pousse plus haut que le café et son parfum est plus intense que celui des autres plantes. Le vent délate chacune des cultures situées près du chemin. Nous roulons à trois motos, devant nous se trouve le guide, un homme blanc de 25 ans.

Nous avançons à plus de 60 kilomètres par heure en suivant un sentier boueux et serpentant qui s' étend depuis El Bosque -situé dans la circonscription territoriale de Caloto dans le nord du Cauca- jusqu'à Tacueyó. Après une demi-heure de parcours, nous abandonnons les motos sous l’auvent de la seule maison qui se trouve dans cette partie du chemin, puis nous continuons à pied en suivant un chemin bordé de bananeraies, maïs, café et coca. Nous marchons tous les trois en silence pendant que nous entendons le son chaque fois plus proche d'un cours d'eau qui s'écoule dans un ravin.

Le jour précédent, pendant que nous nous réchauffions avec un vin chaud dans une terrasse de El Bosque, un jeune typique de la région - cheveux noirs, peau mate, stature basse et moustaches fines- est venu nous prévenir qu'on nous attendait en haut. L'ordre était catégorique. «En haut» c'est la montagne; «en haut» signifie guérilla. Comme les guérillas font la loi dans les montagnes, il nous faut obéir ainsi que nous l'a conseillé notre guide. Nous abandonnons notre vin chaud et nous montons chacun dans une moto AKT 125 (1).

Le paysage de la cordillère Centrale était un encouragement pour l'incertitude. Ses reliefs étaient baignés par les derniers rayons lumineux de la journée ressemblant à un manteau doré qui s'étend. Le trajet a peu duré, quelques vingt minutes environ. Nous stationnons les motos dans une maison qui paraissait avoir été vidée de ses occupants spécialement pour la réunion. Le jeune qui nous a alertés à El Bosque s'est dirigé vers la partie arrière de la maison puis est apparu à nouveau en nous donnant le signal de le suivre.

Un homme trapu se trouvait sous la ramure d'un arbre. Il portait comme vêtement une chemisette blanche propre et un jean. Ses yeux bleus avaient ce regard de celui qui a perdu avec les armes le sens de la pitié et de la compassion. Il ne s'est pas présenté. Il ne venait pas pour être interviewé, mais pour nous interroger. Par la suite nous avons appris que c'était un chef de milice, un rang supérieur à celui du guérillero de base. Il nous a demandé qui nous étions et pourquoi nous venions; nous lui avons répondu que nous étions journalistes, que nous voulions visiter les cultures de marijuana et rencontrer les paysans qui s'en occupent. Il nous fixait droit dans les yeux pendant chacune de nos réponses, comme pour confirmer si nous disions la vérité. Après plusieurs questions, il baissa la garde puis l'interrogatoire s'est transformé en conversation.

« Pauvres paysans » nous dit-il «ils font ce qu'ils peuvent. Nous ne nous mêlons pas de leurs affaires, ni eux des nôtres. Parfois nous servons de médiateurs dans les conflits, mais c'est parce que l'État a laisser cette région à l'abandon depuis longtemps et qu' il nous a fallu assumer l'autorité» L'interrogatoire fut court, un quart d'heure environ. L'homme resta assis sur sa chaise en attendant le moment de notre départ.

Le guide éclata de rire à la vue de nos visages. «N'importe qui ne rentre pas ici» nous dit-il «c'est une est terre indigène et paysanne, les guérillas surveillent tout et n'aiment pas les inconnus. Les gens doivent obéir car ils représentent la loi dans les montagnes

Nous continuons la marche et nous croisons le torrent que nous entendions tout le long du chemin. Soudain, nous découvrons, au milieu d'un feuillage épais, deux mille plantes de marijuana de type « Corinto » ou « corintiana » qui atteignent les trois mètres d'hauteur.



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Divers types de cannabis poussent en Colombie, les plus connus sont la "Santa Marta Golden", qui est cultivée dans les départements de Magdalena et de Cesar depuis la "bonanza marimbera" (2) des années soixante-dix, et la "Corinto" qui est produite dans le Cauca. On les différencie par le contenu en tetrahidrocannabinol , le composé psycho-actif qui produit chez les consommateurs une sensation de placidité. Selon Martín Sepúlveda, chimiste de l'Université Nationale, la marijuana qui croît le nord du pays a un pourcentage de 1.0 à 1.5 de THC. ET celle qui est produite dans le Cauca a 2.0%. (3)
Dans la hiérarchie marihuanera, la Santa Marta Golden et la Corinto occupent le dernier rang, derrière les 80 variétés existantes dans le monde et qui sont connues comme «cripi» (4). Ces variétés possèdent une plus grande quantité de THC, jusqu'à 18%.

Sous les immenses pieds de « corintiana » apparaît la figure de Carmen, la propriétaire des bananeraies et, évidemment, de la marijuana. Elle nous salue avec ce respect propre aux indigènes, sans nous tutoyer et en baissant les yeux avec un sourire timide devant un regard inconnu. Carmen a quarante et quelques années, elle a la peau mate, les cheveux noirs et les yeux foncés et ingénus qui contrastent avec ses grosses mains vieillies.

Il y a trois ans, un néerlandais est venu ici même. En voyant toutes ces plantes, il a pris sa tête entre ses mains et semblait avoir perdu la raison. Il s'est mis à courir entre les plantes tout en frottant énergiquement les feuilles contre ses bras, ses jambes et son visage. Carmen rit encore en se rappelant de cet homme qui paraissait avoir trouvé l'Éden dans sa propriété.

J'imite l'hollandais, mais à une échelle assez inférieure, et j'arrache une feuille verte et lancéolée que je frotte dans ma main pour conserver le parfum de cette feuille interdite aussi célèbre que les pubs de Coca-Cola. Rien qu' aux États-Unis, on calcule qu'il y a 28.5 millions de personnes qui consomment ou qui ont consommé de la marijuana. Le chiffre global atteint les 200 millions, sans compter ceux qui préfèrent fumer anonymement et qui n'apparaissent pas dans les statistiques.

Je lui demande directement: «Mais vous.....fumez-vous de la marijuana?»
La paysanne lâche un rire innocent comme celui d' un enfant à qui on parle de choses d'adultes. Avec un sourire, elle me répond que «non». Les indigènes et les paysans savent comment on sème les graines de marijuana, comment on la sèche, on la presse et on la vend, mais ils ne savent pas comment on roule un joint, et connaissent encore moins les effets de la fumée. Ceux qui fument sont les colons (5)

Carmen est vêtue d' une jupe blanche sans ornements et d' une chemise rose sans motifs. Elle ne porte pas de boucles d'oreille, ni de chaîne, ses cheveux sont attachés avec le lycra d'un vieux bas. Elle dit qu' elle ne possède ni voiture, ni moto, que son unique luxe est son téléviseur, qui ni n'est même pas plat, et un mari qui la traite bien. Carmen recommence à rire.

Les maris de cette partie du Cauca sont fidèles par défaut. La guérilla résout les problèmes d'argent entre cultivateurs et dealers, mais elle a également été obligée d'intervenir dans les problèmes de couple, non parce qu'ils soient conservateurs, mais pour éviter les bagarres entre femmes jalouses ou les luttes à coup de machette entre hommes.

En ce qui concerne les bontés conjugales dans cette zone, Carmen nous apprend que sans la culture et la vente de marijuana, elle serait certainement partie mendier à Cali, tout en courant le risque de perdre son mari.

«Si je vais vendre mes bananes, je dois payer le transport qui me coûte 20.000 pesos (7,60 €) jusqu'à Santander de Quilichao (à deux heures de distance). Si je vends mes cinq régimes de bananes je gagne 7.000 pesos (2,70 €); si je ne vends rien, je dois les jeter. Avec la marijuana, les acheteurs viennent directement chez moi, payent en liquide et s'en vont sans rien demander.»

Chaque plante donne approximativement 350 grammes de têtes séchées. En ajoutant les 2.000 plantes ça fait un total de 700.000 g, qui convertis reviennent à 1.400 livres (1livre =453,6 g) et 56 arrobas. Dans la région, le prix actuel par arroba est de 170.000 pesos. Dans un mois, quand Carmen récoltera, sèchera, manucurera et vendra son herbe, elle percevra 9.520.000 pesos (3602 €) qui seront répartis à parties égales entre elle et son partenaire, un autre paysan.

L'herbe met six mois à germer, croître et fleurir. Les 4 760.000 pesos (1809 €) qui correspondent à la moitié de la vente est tout l'argent qu'il lui reste en attendant la prochaine récolte : ce qui fait approximativement 793.000 pesos (302 €) mensuels. Pour entamer une nouvelle culture elle doit retravailler toute la terre, acheter une livre de semence qui lui coûte 10.000 pesos (3,80 €), et investir un million de pesos (380 €) en engrais, outils de travail et de production, ainsi que dans le salaire des trois travailleurs qui l'aident à la manucure. Chacun perçoit 20.000 pesos (7, 60 €) par journée de 12 heures et travaillent pendant une semaine.

Après avoir abandonné la plantation de Carmen, nous nous dirigeons vers Tacueyó, commune située à une heure en moto depuis El Palo. Tacueyó est un village indigène, territoire autonome de la Communauté nasa. En arrivant, la première chose que l'on voit est l'église évangélique ainsi qu'un homme habillé en costume distribuant des tracts qui prétendent recruter des paroissiens en parlant des pêchés de l'âme et des souffrances de l'enfer.

À cinq kilomètres du peuple indigène, dissimulée entre les montagnes - comme toutes les choses illégales en Colombie- se trouve une des centaines de serres de la région. Elle est construit avec de la bâche verte et un plafond de matière plastique transparente. Le propriétaire de la culture, un homme blanc avec un accent paisa (du nord de la Colombie), allume une cigarette de marijuana. Dans les villes, un joint de cripi peut coûter 10.000 pesos (3,80 €).



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Tandis qu'il aspire bouffée après bouffée, il nous montre avec fierté ses 200 plantes qui atteignent déjà un mètre de hauteur et qui se trouvent sous des ampoules éco de 15 watts allumées: «La moitié sont des "white widow", les autres sont des « skunk #11» nous dit-il, comme si toute l'humanité savait de ce qu'il parle, comme si c'était une connaissance de base générale.

La «white widow» et la «skunk #11» sont deux des trente variétés de cripi qui poussent dans le pays telles que la «Super star», la « Fulanita », la «wi-wi», la «American golden », la «Purple #1 » et la «Blueberry ». Le prix pour un sachet de cinq graines varie entre 50.000 (19 €) et 250.000 pesos (95 €), un prix très supérieur à une livre de « corintiana » qui, avec plus de cent semences, ne coûte que 10.000 pesos (3,80 €). L'avantage du cripi réside dans une récolte beaucoup plus rapide -quatre mois- avec une arroba (11,5 kg) vendue 6 250 000 pesos (2377 €) aux négociants, presque quarante fois plus que le cannabis local.

Les graines de cripi sont issues de manipulations génétiques dans des laboratoires européens, spécialement d' Hollande et d'Espagne, et arrivent au pays emballées dans des ustensiles de cuisine, des jouets, des téléviseurs et dans tout objet où on peut les dissimuler. Sur le web, il y a plus d'une centaine de sites consacrés au commerce de semences de cannabis comme Lahuertadejuanvaldes.com, semillasdemarihuana.es, growshop.es, cannabislandia.com ou seedsamerica.com.

«La culture de semences importées est une coutume de blancs» nous dit Don Gustavo, un agriculteur propriétaire de 5.000 plantes de marijuana locale type « Corinto ». Don Gustavo vit dans un hameau de 26 maisons, dissimulé entre un labyrinthe de chemins forestiers. Il a trois fils et une petite-fille de quatre ans qui sait compter les chiffres en anglais de un à la cinq, mais qui ne sait encore pas ce qu'est la marijuana, ni à quoi elle sert.

Eduardo, le fils ainé de l'agriculteur veut étudier la carrière d'ingénieur civil à l'Université de Cali, mais en attendant il doit économiser de l'argent pour ses études en travaillant dans l'affaire familiale. Il nous raconte l'histoire qui lui est arrivée il y a un an, pendant le transport de 20 arrobas d'herbe (230 kg) vers la commune de Corinto, située à une heure de voiture, pour les vendre à un un client qui venait de Medellín, dans le nord du pays.

Avec Luz Ángela, sa mère, ils ont tassé la marchandise dans la partie arrière du véhicule et sur le siège avant passager en faisant des efforts pour que rien ne ressorte. Devant l'excès d'arrobas, le garçon, qui avait alors 17 ans, a été obligé de s'accrocher de l’extérieur à la fenêtre du passager.
«Nous sommes partis avec le téléphone cellulaire allumé et toutes les cinq minutes nous appelions des connaissances qui vivaient près de la route pour qu'elles nous informent s'il y avait des soldats. Quand il ne nous manquait plus que quelques kilomètres pour arriver, nous avons perdu momentanément le signal et il ne nous restait plus qu'à nous confier à la Vierge. Bizarrement, ma mère silencieuse conduisait sans parler, comme si elle pressentait quelque chose. En rentrant dans un virage, nous vîmes une brigade d'infanterie qui déchargeait des valises d'un véhicule garé sur le côté de la voie. Ma mère proféra un juron, tandis que je me disais qu'on était foutus et que les soldats allaient nous arrêter.»

Pendant qu' Eduardo rapporte l'histoire, Luz Ángela se signe en remerciant Dieu d'être encore vivants. « Ma mère a continué à conduire sans changer de vitesse. Un des soldats a étendu le bras en nous indiquant de nous arrêter. Quand nous étions tout près de lui, ma mère a brusquement accéléré. Nous entendions les balles siffler, pas seulement de derrière, mais aussi des montagnes et de tous les côtés, je me suis accroché comme j'ai pu et j'ai fermé les yeux ».

D'habitude on leur donne un bakchich ou une livre de marijuana sèche, mais ce jour-là nous ne pouvions pas les soudoyer car ils étaient trop nombreux et on ne peux quand rien faire quand ils sont en groupe.

Sur la moitié d' un terrain de football, deux hommes étendent une bâche sur laquelle ils mettent à sécher de branches d'herbe. Tout près de là, une femme enceinte de sept mois coupe avec des ciseaux des centaines de têtes sèches qui s'éparpillent su le sol recouvrant ses pieds.
Cela fait six heures qu'elle coupe et le poids de son ventre tire sur le bas de son dos endolori . Ses doigts sont recouverts d'une résine noire, visqueuse et collante. C'est du haschisch et il est vendu 400 pesos (0,15 € ) le gramme.

A côté d'elle, une fillette de douze ans déplie la jupe de son uniforme d'écolière récupère les branches pour les égrainer. Tout en la regardant travailler, je lui demande : «Et toi, sais-tu à quoi sert la marijuana ? » elle me répond : «Pour la soigner grippe, et les graines pour les donner aux poules



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L'Organisation Mondiale de la Santé - OMS - considère depuis 1948 le cannabis comme une drogue nuisible pour l'être humain. En 1997, un article publié dans la revue spécialisée New England Journal of Medicine a exposé une série de vertus médicinales qui réfutent la théorie de l'OMS. Selon la publication, la plante de Cannabis sativa soulage les nausées, les vomissements et la perte d'appétit chez les patients atteints de cancer, prévient les attaques d'épilepsie, calme les douleurs articulaires, neuronales, musculaires et dégage les voies respiratoires.
La compagnie anglaise GW Pharmaceuticals, qui a sorti sur le marché un produit à base de THC, le Sativex, corrobore les conclusions de la revue avec des essais effectués durant ces dernières années en Amérique latine et en Europe.

Dans les montagnes, les habitants connaissent depuis longtemps les vertus curatives de la marijuana . Un groupe de six indigènes, conduit par des chimistes de l'Université del Valle, à Cali, fabriquent des pommades spéciales pour soulager la toux, les rhumatismes, les névralgies et les douleurs musculaires. Indépendamment de la pommade pour utilisation thérapeutique, ils élaborent aussi des produits cosmétiques comme des huiles essentielles, des parfums et des savons. Étant donné l'illégalité de la marijuana en Colombie, les articles ne sont commercialisés que dans la zone de production.

«Il y a des gens qui inhalent de l'essence et de la colle, et pourtant ces produits ne sont pas interdits. L'alcool et la cigarette sont bien plus nuisibles aussi, mais tout cela remue beaucoup d'argent!» s'indigne don Gustavo sur un ton très altéré. Quand il réussi à se calmer, il remarque un homme blanc, rasé et coiffé d' un chapeau en feutre qui attend sur le pas de la porte. Don Gustavo le rejoint, donne l'ordre de presser 25 arrobas (287,5 kg) d'herbe, puis disparaît avec son invité.

La presse est hydraulique. On pose la marijuana dans la caisse métallique avec une planche de bois au-dessus puis on presse. Préparer chaque arroba
(11,5 kg) prend dix minutes. L'herbe sort en un bloc compact, totalement carré et prêt à être emballé dans du cellophane noir, puis recouvert de ruban adhésif.


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Le propriétaire de la presse gagne 5.000 pesos (1,90 €) par arroba, en une semaine il parvient à en emballer jusqu'à 70. Les commerçants qui arrivent dans la région payent un impôt de 18.000 pesos (6,80 €) par arroba à la guérilla . Le groupe armé ne perçoit aucune commission aux paysans. Hebdomadairement, jusqu'à 30 tonnes de marijuana pressée sortent du département du Cauca pour être distribuées dans tout le pays. Une livre (500 g) de cripi, qui dans la région coûte 250.000 pesos (95 €), est vendue 700.000 pesos (265 €) à Bogota .

Le prix s'enchérit encore plus à cause de la corruption des policiers et militaires qui contrôlent les routes, et des douaniers du port de Buenaventura où la marijuana est chargée dans des containers en partance pour Panama.

Don Gustavo a le bras douloureux, il s'assoit sur une des arrobas. Face à lui, il y a trois poules picorant le sol à la recherche de semences. Après des heures entières à picorer des graines souvent recouvertes de cosses, elles n'ont pas les yeux rouges, n'essayent pas de voler, ne gloussent pas jour et nuit, ne louvoient pas en marchant et ne tombent pas assommées par terre. Le THC ne s'active qu' avec la chaleur et c'est pour cette raison que les poules ne sont pas «défoncées».

Après dix jours passés dans l'Éden des marihuaneros, nous retournons à Bogota. Nos vêtements sont imprégnés de l'arôme douceâtre de l'herbe et dans la valise je garde une pommade de marijuana pour soulager la toux de ma fille. Dans l'avion, je repense à tous ceux qui sont derrière un joint : il y a une indigène qui ne connaît pas la malice, une jeune femme enceinte de 7 mois qui a mal au dos, un adolescent qui a échappé aux balles des soldats et une fillette qui croit que la marijuana ne sert qu'a soigner la grippe et nourrir des poules. De ces vies est faite la fumée de cannabis qui s'est répandu dans toutes les villes et qui est fumé dans toutes les langues.


Por Diana Maria Pachón - Fotografía Carlos Villalón




(1) marque de moto colombienne avec technologie d'origine chinoise.
(2) nom donné à l'époque dorée du trafic de marijuana dans les années soixante dix et qui fait référence à la période qui a consolidé l'économie souterraine de la drogue en Colombie
(3) voir étude du contenu en THC d'échantillons de marijuana cultivée en différentes régions de Colombie (abstract en anglais, étude en espagnol format PDF)
(4) appellation des variétés hollandaises/américaines ou des hybrides de landraces locales avec ces mêmes variétés. Cripi est une référence à la Kriptonite de Superman pour la puissance qu'apporte une teneur élevée en THC.
(5) nom donné aux colombiens de peau blanche, dont les ancêtres sont originaires d'Espagne ou d'Europe.


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buddy
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Re: [Colombie] Corinto

Mensajepor buddy » Mié Ene 01, 2014 11:19 pm

Merci pour le début de trad.

C'est du beurre la denière tof? Il est sacrément coloré...

Fallait le dénicher cet article sur le site d'une revue pour mec. Bonne pioche. :)

Faudrait vraiment que je me mette à l'espagnol :/

Rivalpo
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Re: [Colombie] Corinto

Mensajepor Rivalpo » Jue Ene 02, 2014 10:32 pm

Salut Buddy,

non, c' est une pommade artisanale au cannabis pour soigner les rhumes et certaines pathologies.
Tu en sauras un peu plus dès que j'aurais fini la trad ;)

Je viens d'ailleurs de rajouter un autre passage traduit de l'article :)
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Dricks
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Re: [Colombie] Corinto

Mensajepor Dricks » Vie Ene 03, 2014 8:34 am

Salut
Je sais pas où tu trouve tout ça rivalpo mais merci .tres intéressant cette trad .
Tu m étonnes toi que le hollandais il es devenu fou en voyant c champ à perte de vu
Vivement la suite...


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